L'appui du Canada à des solutions pacifiques et fondées sur les droits à la crise au Pérou
La lettre suivante a été envoyée à la Ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly, le 17 janvier 2023.
Madame la Ministre Joly,
Le Groupe d’orientation politique des Amériques (GOPA) est gravement alarmé par les informations reçues de nos partenaires locaux concernant la crise politique au Pérou. Les mobilisations populaires à travers le pays ont été confrontées à une répression violente de l'État et à l'utilisation de la force meurtrière. À ce jour, 49 personnes, dont des adolescents, ont été tuées et des centaines d'autres ont été blessées. La violence récente de l'État a été plus prononcée dans les régions majoritairement autochtones d'Ayacucho, de Cusco et de Puno, dans le sud du Pérou.
Le GOPA condamne catégoriquement l'utilisation de la force létale et d'autres mesures répressives contre les manifestants au Pérou. Les forces de sécurité doivent respecter les normes internationales relatives à l'usage de la force et être amenées à rendre des comptes en cas de violation de ces normes. Les autorités péruviennes doivent garantir la protection des droits de la personne et s'engager pacifiquement avec la société civile pour mettre en œuvre des solutions qui répondent aux demandes légitimes.
Nous demandons au gouvernement du Canada d'accorder la priorité aux droits humains au Pérou, de défendre la protection du droit à la liberté d'expression et à la protestation pacifique, et de condamner publiquement le recours à la violence de l'État péruvien contre les manifestants. Nous demandons également au Canada d'exhorter les autorités péruviennes à déployer toutes les ressources disponibles pour résoudre le conflit par le dialogue, en écoutant toutes les voix, sans discrimination, afin d'éviter de nouvelles pertes de vie et de nouvelles violations des droits humains.
Nous vous remercions de votre attention et nous nous réjouissons de poursuivre notre engagement avec vous et vos collègues en vue de trouver des réponses constructives à un moment aussi critique pour les Péruviens et Péruviennes et la région.
Contexte
Le 7 décembre 2022, le Congrès de la République du Pérou a démis de ses fonctions le Pedro Castillo et a nommé la vice-présidente Dina Boluarte à la présidence du Pérou. Cela fait suite à la tentative ratée du président Castillo
Castillo, alors président, de dissoudre le Congrès. Après l'accession au pouvoir de la présidente Boluarte, la société civile péruvienne s'est mobilisée pour exprimer un certain nombre de revendications et faire pression pour que des élections générales soient immédiatement organisées. Le 14 décembre, la
présidente Boluarte a déclaré l'état d'urgence, accordant au gouvernement actuel des pouvoirs étendus pour imposer des couvre-feux, de déployer l'armée et de suspendre les libertés civiles. Outre la tenue immédiate d'élections générales, les peuples autochtones, les organisations de défense des droits humains, les syndicats et la société civile en général demandent la
la fin de la violence d'État contre les manifestants, la justice pour les victimes et les survivants de violations des droits humains, la garantie et la protection des droits humains, le respect des droits du travail et la mise en place d'une Assemblée Constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution ancrée dans la démocratie et la justice sociale.